Pièce no.1 : Le temps

La naissance de Polynesia ? Comme un puzzle !

"Les anciens Polynésiens sur leurs grandes pirogues doubles, à la recherche d’une île vers le soleil levant, le jour sous un soleil accablant et la nuit sous les étoiles, comment ont-ils fait ? "

C’est par ces quelques mots prononcés à la barre du Toa Marama, pénétrant à la voile le lagon de l’île de Taha’a par la passe Toahotu, à quelques milles de Bora Bora, que commence l’aventure de Polynesia.

Mais avant, il fallait réunir sept pièces essentielles, sans compter toutes les autres !

Les sept pièces essentielles

La route de la vie est toujours balisée par des rencontres, des anecdotes et des images. Parfois par des interprétations ou des visions oniriques. Souvent, elles paraissent banales voire anodines. Après coup, il arrive qu’elles deviennent envahissantes sinon obsédantes. Elles peuvent même prendre soudain une signification qui étonne. C’est aussi ça la vie. Les pièces d’un puzzle au départ incompris, jetées par hasard au gré du temps et qui un jour, allez savoir pourquoi, reviennent toutes assemblées dans une lumineuse cohérence.

Pièce numéro un :

Le temps

Voilà bien la grande énigme.

Et voilà bien le grand coupable, celui qu’on accuse de tous les maux. C’est de sa faute si l’on vieillit, ou si l’on tarde à mûrir ou à comprendre. Soit il passe trop vite et on ne l’a pas vu passer, soit il n’en finit pas de passer… Insaisissable, le temps !

Sans lui, pourtant, que serions-nous ? Ni mouvement, ni devenir, ni mémoire. C’est un sujet qui m’a toujours tracassé et lorsque, entre amis, l’éternel problème de son essence même se posait, j’affirmais souvent, par provocation sans doute : « Le temps ? C’est une fiction. Il n’existe pas, il n’est rien. C’est nous qui sommes, pas lui. Seuls existent des systèmes en évolution. » Personne ne m’a encore répondu : « En évolution dans quoi ? » Mais à la réflexion, je trouve que là serait peut-être la réelle question, et il me plaît de penser que la première pièce du puzzle doit certainement ressembler à une idée de ce genre.

Pour identifier les autres pièces, je dois revenir en arrière et justement remonter le temps, rechercher dans nos chroniques anciennes, dans nos chers souvenirs, où elles se cachent et quelles formes elles ont pu revêtir. J’ai bien dit « nos » chroniques et « nos » souvenirs, parce que rien n’aurait pu se faire sans Alpha. Alpha est entrée dans ma vie en montant sur mon bateau. Pendant des années, dix ans, nous n’avions été que des amis installés dans des existences différentes, et si elle habitait comme moi au bord de la mer, elle n’avait jamais suivi des yeux, avec mélancolie, les voiles des bateaux en partance. Elle n’avait jamais ressenti l’appel du large. Et puis un jour, un regard d’elle, quelques mots échangés et la vie bascule, prend son sens. Dorénavant, nous naviguerons ensemble.