Depuis cinq années, quand j’entre dans mon bureau à l’université, je regarde distraitement la pièce numéro trois en devenir, l’aquarelle de Paul Gauguin accrochée au mur.
Or un jour, en avril 1999, l’opportunité s’offre à moi d’être muté en Polynésie. Ce jour-là, je reste un long moment à contempler le tableau. Le soir, je dis à Alpha :
_« Que dirais-tu d’aller à Tahiti ? »
_« Tahiti ? Tu as bien dit Ta-hi-ti ? »
Elle pense que je lui propose un beau voyage et acquiesce avec enthousiasme. Je précise alors :
_« Pas pour des vacances ! Pour aller vivre à Tahiti ! », en insistant sur le mot vivre ! Là encore elle dit oui, immédiatement, ou presque.
Alors que notre bateau prend forme dans un chantier de l’Atlantique, nous partons pour la Polynésie.
Un an plus tard, notre navire arrive par cargo à Papeete.
Certaines pièces du puzzle commencent à s’emboîter parfaitement et l’aquarelle de Paul Gauguin confirme son statut de troisième pièce. Notre vaisseau s’appellera évidemment le « Toa Marama »